Le sperme serait bon pour la peau, antirides, antidépresseur, riche en vitamines. Il stimulerait le système pileux et protègerait du cancer du sein… Nous sommes pourtant bien d’accord que si les effets étaient aussi positifs que cela, les hommes, qui ont la pompe à disposition, s’en feraient des masques et des tartines. D’où vient cette obsession maladive pour le sperme ? Quiconque s’est déjà rendu sur un site porno gratuit a été bombardé de pubs pour du Viagra ou autres gélules censées augmenter la quantité de sperme. Mais à quoi ça sert ? À augmenter le plaisir ? Non. À augmenter la fertilité ? Non. À faire plaisir aux partenaires ? Non plus…
Une étude américaine a révélé qu’une femme sur deux avait déjà reçu au moins une dick pic, une photo de bite non-sollicitée envoyée par un inconnu. Alors que le nombre de pussy pics (photos de chatte) postées en retour est si dérisoire qu’il n’a fait l’objet d’aucune étude. Le sexe masculin est une des premières choses que nous apprenons à dessiner. Il inspire nos croquis les plus régressifs. Le phallus est aussi surreprésenté dans notre environnement culturel ; on parle aisément de "forme phallique" pour désigner à peu près n’importe quoi de longitudinal, alors que l’expression "forme vulvaire" ne fait pas partie de notre langage.
Depuis Cinquante nuances et l’apparition du mommy porn, nos écrans sont bombardés de romances érotiques ringardes fondées sur un vieux schéma initiatique usé jusqu’à la corde : celui de la blanche colombe qui se révèle à elle-même à travers la soumission, si possible dans un château. Bref, un bon gros fantasme de parvenu. À croire que seuls les riches hommes blancs ont le droit de baiser. Mais la question est de savoir si tout ça a réellement eu un impact sur nos pratiques sexuelles. En clair, est-ce qu’on se fouette plus le cul qu’avant ? Plusieurs indices laissent à penser que oui.
Si le sang n’est jamais représenté dans les pornos, s’il est bleu dans les pubs pour serviettes hygiéniques et si nous sommes affolées à l’idée de porter un pantalon blanc en période de règles, c’est avant tout parce qu’il est profondément ancré dans notre culture que le sexe des femmes est démoniaque. La matrice et son tunnel, le vagin, sont par leur configuration des lieux de mystère et de terreur masculine. Les innombrables légendes de vagina dentata, des vagins monstrueux castrateurs pourvus de dents, en témoignent.
Même quand la presse s’extasie devant Demi Moore et ses dizaines d’interventions chirurgicales, c’est pour mieux se moquer quand elle se fait plaquer par un type plus jeune. Si vieillir est perçu comme une malédiction chez les femmes, on conviendra que dans notre société occidentale basée sur le paraître, les règles ne sont pas exactement les mêmes pour les hommes. En attendant, comment dissuader les femmes de claquer leur argent et leur santé dans la médecine esthétique ?
Pourrait-on faire preuve d’un peu plus de bon sens, au lieu de laisser notre cerveau être contrôlé par la publicité, le cinéma, les médias, la domination patriarcale hétérosexuelle ? Ovidie n’a jamais vraiment connu de stade d’anorexie trop grave. Mais dans cet épisode elle raconte comment elle a longtemps alterné des phases de privation de nourriture avec des phases d’hyperphagie. Jusqu’à ce qu’elle décide un jour de se faire cryogéniser le ventre. Congeler le bide. Une technique barbare qui consiste à tuer par le froid ses propres cellules. Pourquoi ? Pour donner raison aux pubs qui tentent de nous persuader que nous ne sommes jamais assez bien.
En matière de sexualité, les Français sont friands de chiffres et de sondages. Il ne se passe pas un mois sans qu’une étude soit publiée à propos de leur prétendue sexualité́. Il faut perdre sa virginité à 17,3 ans, baiser 2,5 fois par semaine avec un type doté d’un pénis de 13,5 cm qui n’en fait plus que 9 au repos. Sauf qu’en matière de sexualité, tout le monde ment. La fréquence réelle des rapports sexuels serait trois fois moindre pour les hommes et deux fois moindre pour les femmes. Ceux-ci ne mentent pas pour les mêmes raisons : les hommes vont avoir tendance à surévaluer leurs performances là où au contraire la plupart des femmes interrogées minimisent certaines pratiques, comme la sodomie.
Stop aux diktats sexuels ! Ovidie et Sophie-Marie Larrouy déconstruisent les idées reçues et proposent de faire ce qu’on veut, comme on veut, uniquement si on veut. Dans cet épisode : la bisexualité féminine est en passe de devenir acceptable parce qu’elle fait fantasmer les hommes hétéros.
Stop aux diktats sexuels ! Ovidie et Sophie-Marie Larrouy déconstruisent les idées reçues et proposent de faire ce qu’on veut, comme on veut, uniquement si on veut. Dans cet épisode : la sodomie, c’est un peu le nouveau ciment du couple chez les hétéros, même si elle reste taboue dans certains pays.
Stop aux diktats sexuels ! Ovidie et Sophie-Marie Larrouy déconstruisent les idées reçues et proposent de faire ce qu’on veut, comme on veut, uniquement si on veut. Dans cet épisode : en plus d’être minces et jeunes, voilà que nous devons en plus avoir une vulve lisse comme une tirelire.
C’est à n’y rien comprendre: un jour le point G existe, le lendemain il n’existe plus. Au fil des modes et des décennies, les avis péremptoires se succèdent et se contredisent. Décrié dans les années 80, réhabilité dans les années 2000 pour être fini par être jeté à la poubelle au début des années 2020, aucune partie du corps n’aura jamais été aussi sujet à controverse.
D’Anita Ekberg jusqu’à Jayne Mansfield, en passant par les stars de la téléréalité des années 2000, les décolletés pigeonnants ont longtemps été considérés comme un idéal esthétique à atteindre. Mais depuis le début des années 2010, l’arrivée de stars callypiges comme Kim Kardashian ont rebattu les cartes des normes de beauté: les fesses ont détrôné les seins.
« Elle m'a fait un enfant dans le dos ! ». Des histoires comme ça, des hommes prétendant qu'on serait tombée enceinte « à leur insu », on en a tous entendues. Ce qui est tout de même gonflé lorsqu'on sait que dans la plupart des couples hétérosexuels, la charge mentale contraceptive revient quasi exclusivement aux femmes. Et que l'écrasante majorité d'entre elles avortent seules, sans la présence de leur compagnon.
Nous vivons dans une société hyper-érotisée. À en croire les publicités, affiches de films, devantures de magasins qui attisent nos désirs et nous promettent mille plaisirs, nous serions une bande de bonobos assoiffés de sexe. Pourtant, une partie non négligeable de la population admet ne pas se sentir concernée.
En 2011 à Toronto naissait la première slut walk, le mouvement des autoproclamées salopes, ces femmes qui ont manifesté partiellement dénudées contre la culture du viol. Depuis, entre la tentation d’imposer une « tenue républicaine » et l’interdiction aux lycéennes de porter des shorts et crop tops, la question vestimentaire ne semble toujours pas solutionnée...
La libération de la parole aurait instauré un climat de terreur empêchant la drague.
Il est communément admis qu’un rapport hétérosexuel classique commence avec une érection et se termine par une éjaculation. Le coït demeure l’acte central autour duquel tourne toutes nos représentations. Pourtant, 70% des femmes hétérosexuelles confirment ne pas avoir d’orgasme lors de la pénétration là où 90% des hommes y parviennent. C’est ce qu’on appelle « l’orgasm gap ».
Sur internet, une femme a 27 fois plus de risques de se faire harceler qu’un homme. Les réseaux sociaux ont exacerbé un mécanisme déjà existant. Qu’on soit journaliste, gameuse, militante, le but est très clair: faire disparaître les femmes de l’espace public, sur internet comme dans la rue. Les obliger à raser les murs. C’est ce qu’on appelle « la silenciation ».
On nous a tellement bassiné avec l’idée que nos fantasmes étaient un « jardin secret », qu’on en oublie qu’une partie d’entre eux ne sont pas si “secrets” que ça. Les mots clés, les “tags”, tapés dans les moteurs de recherche en disent généralement long sur nous. Ils sont révélateurs de tabous et de rapports de domination dans notre culture.
