On a du mal à s’en souvenir en 2021 : il y a plus de quarante ans, l’Iran et Israël, tous deux alliés des États-Unis, étaient des pays amis. Chacun comptait sur l'autre pour contrecarrer le nationalisme arabe qui gagnait en influence au Moyen-Orient, tandis qu’une ample collaboration économique et sécuritaire renforçait leur partenariat stratégique. Tout bascule à Téhéran avec la révolte populaire puis l’avènement de la République islamique chiite en 1979, qui destituent le Chah et sa dictature pro-occidentale. Sous l'égide de l’ayatollah Khomeiny, qui reçoit Yasser Arafat comme premier visiteur étranger, Israël et les États-Unis sont désignés à la haine populaire comme les symboles de la mainmise impérialiste sur le pays. Avec la prise en otage du personnel de l'ambassade américaine en novembre 1979, la rupture totale avec l'Occident est consommée. En 1982, Israël envahit le Liban, avec pour objectif d’en chasser les Palestiniens et de faire de ce pays multiconfessionnel un allié sous domination chrétienne. Mais la minorité chiite s’y oppose, et favorise l’émergence d’une nouvelle organisation : le Hezbollah.
En 1991, après la première guerre du Golfe, les Américains dominent le Moyen-Orient. George H. W. Bush veut bâtir un monde unipolaire, moins menaçant pour les intérêts américains. La résolution du conflit entre Israël et ses voisins arabes s’avère un passage obligé pour ses ambitions. En octobre, il organise avec le concours de l'URSS la conférence de Madrid, réunissant Israël et les pays arabes, dont la Syrie, la Jordanie, le Liban et les Palestiniens. Un absent de marque : l’Iran, non invité, dont chacun veut neutraliser l'influence croissante. De son côté, la République islamique organise un front du refus face à Israël et aux États-Unis. Elle soutient les organisations palestiniennes comme le Hamas et le Jihad islamique, appelant à l'action l'ensemble de ses alliés. En secret, elle se prépare à se doter de l'arme nucléaire.